Communique de Press – Rapport par Martha Hall Findlay
Un rapport préconise l’abolition des mécanismes de gestion de l’offre
Selon l’auteure, Martha Hall Findlay, les risques sont minimes pour les élus
Ottawa – Dans le cadre d’une conférence de presse organisée aujourd’hui par la School of Public Policy, l’ancienne députée libérale Martha Hall Findlay a sérieusement remis en question les arguments économiques et politiques favorisant la gestion de l’offre au Canada. Dans un rapport publié par la School of Public Policy et portant principalement sur l’industrie laitière, Mme Hall Findlay dit que les mécanismes de gestion de l’offre sont « trop complexes », qu’ils constituent la pierre d’achoppement de la pleine participation du Canada aux accords de libre-échange internationaux et qu’ils sont tout à fait injustes, tant pour les consommateurs que les agriculteurs canadiens. Selon l’analyse effectuée par Mme Hall Findlay, la gestion de l’offre fait en sorte que les Canadiens paient le lait deux à trois fois plus cher que leurs homologues des États-Unis.
Mme Hall Findlay décrit également comment l’insistance du Canada à maintenir ces mécanismes de protection rend difficile le libre accès aux marchés internationaux. Par conséquent, toutes les autres entreprises canadiennes dépendant des échanges commerciaux, dont la plupart des agriculteurs dans les secteurs où l’offre n’est pas réglementée, n’ont souvent pas accès à certains des marchés qui, du fait de leur importance et de leur croissance rapide, comptent parmi les plus lucratifs au monde.
Les élus canadiens refusent de s’attaquer au dossier de la gestion de l’offre parce que cette question est jugée dangereuse sur le plan politique, vu le nombre de votes qui seraient en jeu.
Dans son rapport, Mme Hall Findlay sort cependant du cadre de l’analyse économique et se penche sur les conséquences électorales d’une remise en question de la gestion de l’offre. Selon elle, malgré tous les efforts déployés par le lobby de l’industrie laitière pour effrayer les élus, ceux-ci n’ont plus rien à craindre sur le plan politique. Depuis 1971 (soit depuis l’instauration d’un mécanisme de gestion de l’offre dans l’industrie laitière), le nombre de fermes laitières au Canada a dégringolé de 91 %.
« Selon les analyses électorales réalisées dans les circonscriptions où se concentrent ces dernières fermes laitières, même si l’abolition de la gestion de l’offre influençait défavorablement les intentions de vote des intervenants de l’industrie laitière, cela ne changerait vraisemblablement pas le résultat des élections dans aucune circonscription — particulièrement en comparaison du nombre de votes favorables à l’abolition dans ces mêmes circonscriptions. Même si, au pire des cas, un tel scénario s’était produit en 2011, nous aurions quand même eu une majorité conservatrice », affirme Martha Hall Findlay.
« Ce qui est toutefois plus important, c’est que l’industrie laitière ne doit pas craindre le démantèlement du système de gestion de l’offre. Il est possible de procéder à ce démantèlement d’une façon qui convient bien aux exploitants des fermes laitières et qui permet même d’améliorer leur situation. »
L’auteure recommande l’adoption d’un plan qui se fonde sur le modèle utilisé par l’Australie et qui comporte le versement de paiements d’indemnisation et de transition aux agriculteurs pendant une période de huit à dix ans. Les fonds ne proviendraient pas des coffres du gouvernement, mais d’une taxe à la consommation qui serait temporairement imposée sur le lait, mais qui ferait quand même en sorte que les consommateurs paieraient moins que le prix actuel, et ce, uniquement pendant la période de transition. Après cette période de transition, les consommateurs (de même que les entreprises de transformation, les restaurants et les agriculteurs eux-mêmes) tireraient parti de l’entière libéralisation du marché, tant à l’échelle nationale qu’internationale. Effectuée selon les règles, l’abolition des mécanismes de gestion de l’offre serait avantageuse pour tous, c’est-à-dire pour les consommateurs, les agriculteurs et même les élus.
On peut consulter le rapport, en ligne (en anglais).